Conférence débat « La mobilité internationale des Marocain-e-s du monde et les enjeux pour le développement du Maroc »

26 septembre 2014

La revue ‘Hommes & Migrations’ et l’association ‘Migrations & Développement’, en partenariat avec le Conseil de la Communauté Marocaine à l’Étranger (CCME) et le Consulat Général du Royaume du Maroc à Marseille organisaient une conférence-débat le vendredi 26 septembre 2014 à 18h sur le thème : « La mobilité internationale des Marocain-e-s du monde et les enjeux pour le développement du Maroc » à la Cité des Associations de Marseille.

 [LE PROGRAMME]

Monsieur le Consul Général, après avoir rendu hommage à Hervé Gourdel, a souligné que sa qualité de sociologue lui permet de comprendre les questions qui touchent la diaspora marocaine. Il a rappelé les mesures successives prises par le Maroc pour maintenir un lien fort avec sa diaspora et a appelé celle-ci à se joindre à l’effort, notamment concernant la défenses des droits.

Lahoussain Jamal a rendu hommage à la première génération de migrants qui a beaucoup donné au Maroc, assurant le lien entre le village d’origine et les grandes villes marocaines ou l’étranger, et attirant l’Etat dans les zones reculées du Maroc. Il a insisté sur l’opportunité qu’est la régionalisation du Maroc pour que les migrants prennent leur place dans le développement du pays, rappelant que l’échelle nationale est trop grande pour une action pertinente. Enfin, le renforcement des liens entre migrants et communes rurales a été mis en avant.

Rachid Alaoui a souligné les mutations que connait la communauté marocaine de l’étranger, en terme de qualifications notamment, et a fait le lien avec les nouveaux grands projets au Maroc qui nécessitent des compétences. Il a ensuite déroulé les caractéristiques d’une diaspora afin de définir si la communauté des marocains de l’étranger en forment une. Si les migrants marocains sont bien présents dans le monde entier, suivent les informations sur le Maroc, y font des séjours réguliers et s’y investissent dans des projets, il manque encore des liens reliant les marocains des différents continents et une « conscience diasporique » qui donne du poids à cette communauté à l’étranger.

Mohamed Charef a dressé une histoire de la migration marocaine, en insistant sur la diversité des compétences représentées. Il a souligné que les migrants sont souvent plus utiles au pays en mettant à disposition leurs compétences depuis le pays d’accueil et non par un retour au Maroc.

Jacques Ould Aoudia a acté les changements dans la migration marocaine mais aussi sur le terrain, soulignant les apports des projets de développement des migrants, l’émergence d’associations, le renforcement du rôle des communes. Les élus de certaines communes souhaitent retisser les liens avec les migrants originaires de leur territoire, et solliciter leurs compétences. Migrations & Développement essaie de construire actuellement des Communauté de Développement avec des espaces internet de ressources en compétences, financement, connaissances, focalisé sur des territoires précis. Les programmes nationaux échouent à capter efficacement les capacités de la diaspora. Des séjours sur le terrain pour appuyer des projets locaux, sur la base du bénévolat, peuvent être organisés. Les deux premières Communautés de Développement en cours de constitution sont dans l’Oriental et autour de Tiznit.

Naima Barillot a présenté son étude sur les étudiants d’origine marocaines, appelés « enfants d’immigrés » et non français. Elle a aussi souligné la place des femmes dans la migration marocaine. Les médias imposent des termes, qui sont repris tout au long des générations par la population sans les questionner. Elle a rappelé la force des migrantes marocaines, qui se sont battues pour obtenir des emplois, et se mobilisent dans des associations pour réaliser des actions de développement au Maroc et des actions sociales en France. Le frein majeur de la communauté marocaine à l’étranger est l’individualisme, dont les migrantes sont les plus farouches opposantes. Ces groupes de travail permettent en plus d’échanger des compétences en travaillant en commun. Les interlocuteurs dans les territoires sont nombreux et il est difficile de s’y repérer parfois.

Driss EL YAZAMI a relaté les premiers pas des migrants marocains en France, entre combat pour l’obtention de papiers et lutte contre le racisme. Il a appelé les marocains de l’étranger à renforcer leurs actions de citoyenneté en France et au Maroc, soulignant la modernité du Maroc dans sa relation à la diaspora. Il a insisté sur les réalisations des migrants au Maroc, dans l’éducation notamment. Les marocains de la diaspora doivent s’organiser pour peser. L’identité d’une personne se fait de ce qu’elle réalise, chacun est en construction permanente, et il n’y a pas d’identité figée.

Sur ce sujet, retrouvez le dossier « Diasporas marocaines » et un article de Migrations & Développement dans le numéro 1303 de la Revue Hommes & Migrations :

Couv 1303 h&m

hommes-et-migrations.fr/index.php?/numeros/7030-diaspora-marocaine

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